Anno 29 N. 1 (2021):
Articles

« Tant de choses qui ne s’expriment pas » : tentatives de description du paysage alpestre dans la littérature des XVIIIe et XIXe siècles

Federica Locatelli
Université de la Vallée d’Aoste

Pubblicato 06/30/2021

Parole chiave

  • Silence,
  • mountains,
  • Alps,
  • travel literature,
  • figures of speech

Come citare

Locatelli, F. (2021). « Tant de choses qui ne s’expriment pas » : tentatives de description du paysage alpestre dans la littérature des XVIIIe et XIXe siècles. Analisi Linguistica E Letteraria, 29(1), 59–72. Recuperato da https://www.analisilinguisticaeletteraria.eu/index.php/ojs/article/view/163

Abstract

Au-delà des considérations pragmatiques selon lesquelles le non-dit poétique pourrait être la face cachée du dire, il faut aussi considérer que le choix du silence par le poète peut révéler les limites du langage devant un objet qui semble dépasser toute tentative d’expression. Cette réflexion nous paraît particulièrement pertinente dans le contexte de la littérature alpestre à l’intérieur de laquelle, depuis ses origines jusqu’à son apogée au XIXe siècle, les choix lexicaux et descriptifs, très souvent jugés approximatifs, vagues et fluctuants par les auteurs eux-mêmes, témoignent des effets d’une rencontre-choc avec la montagne, encore sous le sceau de l’insolite et de l’indicible. L’objectif de cette étude est d’analyser quelques exemples représentatifs de description du paysage de montagne pour en dégager les analogies et les limites : à partir d’une sélection d’extraits de récits de voyage alpestres de l’époque, nous chercherons à comprendre la valeur de cette raréfaction de la parole dans la technique descriptive, ainsi que dans l’élaboration de l’esthétique spécifique des sommets alpins. Le silence peut s’entrevoir par différents biais comme une dialectique constante entre le désir de parole et le vide qui le met à l’épreuve : il apparaît ici davantage comme une impossibilité à la fois simulée et réelle de dire que comme un geste de négation, et se traduit en tentatives, plus ou moins réussies, d’exprimer différemment un sujet regardé comme « é-norme » par sa forme et son contenu conceptuel.