Anno 29 N. 1 (2021):
Articles

Proust à l’écoute de Senancour. Du silence des montagnes au silence de la musique. Questions de style

Marisa Verna
Università Cattolica del Sacro Cuore, Milan

Pubblicato 06/30/2021

Parole chiave

  • Proust,
  • Senancour,
  • silence,
  • music,
  • sensation,
  • ineffable
  • ...Più
    Meno

Come citare

Verna, M. (2021). Proust à l’écoute de Senancour. Du silence des montagnes au silence de la musique. Questions de style. Analisi Linguistica E Letteraria, 29(1), 29–42. Recuperato da https://www.analisilinguisticaeletteraria.eu/index.php/ojs/article/view/161

Abstract

« Enfant du silence » (CSB), le roman proustien s’attache à dire ce qui n’est pas, en principe, formulable : le sensible, le corps, la nature, la langue étant cet ‘entrelacs’ censé les mettre en relation. Cette « mimèsis paradoxale, qui consiste à tenter de reproduire le silence de l’être » (Anne Simon) n’est pas étrangère à Senancour, dont l’écriture est vouée à cerner l’infini péniblement perçu dans le dessin de l’univers, dans un va-et-vient incessant entre la sensation et son objet, entre le dit et l’indicible. La nature se tait, alors que le corps parle une langue que le romancier peut à peine bégayer. Face au silence des hauteurs, Senancour reconnaît ne pas avoir de mots pour le décrire, du moins pas « dans [la] langue des plaines » (Obermann). De son côté, dans la Prisonnière, Proust décrit la musique de Vinteuil comme un « retour à l’inanalysé », où le silence (« la profondeur ») aurait été enfin traduit. Dans ce contexte, l’affirmation de l’auteur de la Recherche (« Senancour c’est moi », CSB) paraît moins surprenante, fondée comme elle l’est sur une convergence essentielle, esthétique et stylistique. Cet article vise à relever certaines des structures stylistiques (métaphore, périphrase, synesthésie), que Senancour et Proust mettent en œuvre pour cerner cette paradoxale « langue du silence » que parlent les montagnes, ou la musique.